Augmentation de l’incidence du VIH en Allemagne : les facteurs influençant la dynamique des contaminations

Après un pic initial au milieu des années 1980, l’incidence du VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) a baissé dans la plupart des pays industrialisés occidentaux, puis s’est stabilisée pendant les années 1990. Depuis la fin des années 1990, un nombre croissant d’infections par le VIH nouvellement diagnostiquées chez les HSH ont été observées dans la majorité des pays ayant des communautés homosexuelles importantes et visibles. En se basant sur une revue des études nationales et internationales sur la surveillance du comportement des HSH et sur les données nationales de surveillance du VIH, nous proposons un modèle pour l’épidémie de VIH chez les homosexuels masculins en Allemagne. Ce modèle comprend des éléments tels que le nombre croissant de partenaires sexuels et l’augmentation de la fréquence des relations anales non protégées, l’utilisation conditionnelle du préservatif selon le statut VIH (réel ou perçu) des partenaires (« serosorting ») ; la distribution des rôles sexuels (actif ou passif selon le statut VIH) (« seropositioning »), le choix des partenaires et la formation de réseaux sexuels par le biais de la recherche de partenaires sexuels sur internet ; ainsi que l’introduction des nouvelles thérapies antirétrovirales (Highly Active Antiretroviral Therapies, HAART) et les stratégies de changement de ces thérapies. Tous ces éléments ont été décrits, ou sont soupçonnés d’avoir un rôle, dans l’augmentation ou la diminution du risque de transmission du VIH chez les HSH. En conclusion, il semble que l’augmentation récente de l’incidence du VIH chez les HSH a été activée par une dissémination du VIH au sein des réseaux sexuels à haut risque, avec une proportion croissante d’infections transmises pendant la période très contagieuse du début de la contamination par le VIH, acquise le plus souvent avec des partenaires sexuels occasionnels.