Premier rapport de surveillance sur les Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline acquis dans la communauté en Suisse

Les SARM (Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline) sont un des pathogènes émergents dans la communauté. Les SARM acquis dans la communauté (co-SARM) ont été associés à des souches virulentes produisant la leucocidine de Panton-Valentine (LPV) et plusieurs autres exotoxines. A Genève, suite à l’identification en 2002 du premier co-SARM produisant la LPV, un système de surveillance basé sur la déclaration volontaire a été mis en place. Toute culture positive pour SARM, dont le profil de résistance aux antibiotiques diffère de celui de la souche endémique dominante dans les établissements de soins de Genève, et diagnostiqué chez un patient sans antécédent d’hospitalisation dans les 12 mois précédents, est déclaré au service local de santé publique. Le médecin traitant remplit un questionnaire contenant des informations démographiques, cliniques et sur l’exposition. De janvier 2002 à décembre 2004, les données de 58 cas ont été notifiées, dont 26 cas groupés dans 13 foyers épidémiques distincts. La plupart d’entre eux étaient des membres de la même famille, et pour deux d’entre eux, la colonisation a duré plus de 12 mois malgré le traitement. Trente-trois patients (57%) étaient des hommes. L’âge médian était de 32 ans et 22% avaient moins de 10 ans. Quarante-et-un cas (71%) étaient contaminés et 17 (29%) colonisés. Sur les 41 cas contaminés, 40 présentaient des lésions dermatologiques symptomatiques, comme des furoncles, un impétigo ou des abcès. La plupart des patients n’avaient pas de maladie sous-jacente. Trente-huit cas (65%) avaient voyagé à l’étranger. Quarante (69%) des 58 isolats portaient le gène codant pour la LPV. Les infections à co-SARM sont un problème émergent dans le canton de Genève. La surveillance devrait se poursuivre e,t si possible, être étendue aux autres parties du pays afin de mieux décrire les profils de transmission et la dissémination de ce pathogène. La prévention et le contrôle des infections à co-SARM sont un défi pour l’avenir, nécessitant un suivi des contacts, des actions d’information et le traitement des contacts contaminés et colonisés.